JAPON, l'envers.
Si l'âme était aisement disposée à s'abandonner à l'éblouissement et la méditation portée vers les plus hautes altitudes par le simple bruit du plongeon d'un tétard troublant le silence des feuilles, voilà le Japon, l'envers :
- les chiens vêtus de kimonos, chapeaux, lunettes d'aviateur sur la truffe.
JAPON
sans les lunettes, un jour de pluie ...
CHINE
Chine vs Japon, qui va l'emporter ??
- Shinjuku et sa vie nocturne ... on oublie le silence des roches, ici vacarme assourdissant des bruits des salles de pachinkos, ce jeu de billes de la famille machine à sous, lumières néons, écrans géants, foule (et le fameux carrefour à 5 passages pour piétons à Shibuya, revoir Lost in Transation) et rabatteurs mafieux- yakusas ... Et quelques bars se présentant "psy" ou "morpho-psy" , un nouveau concept ?? ne les sont-ils pas tous par nature ??
Entrée d'un hôtel capsule (voir + bas) interdit aux yakusas
- Shibuya et ses magasins pour midinettes, ado perchées sur hauts-hauts talons, faux cils, mini-mini (comme pour le reste au Japon, tout est extrême) jupettes à têtes de mort.
L'objectif : prendre l'apparence de leur chanteuse de J-Pop (pop japonaise) préférée ou d'une héroïne de manga.Et la star de tous ces personnages, c'est "Cupi", un poupon angélique, véritable phénomène de société au Japon, lancé à l'origine par une marque de mayonnaise !
- le point "toilettes" du jour
The Daily Yomiuri informe d'une amélioration des toilettes au Mont Fuji ; un grand pas ... pour l'homme.Et SEGA vient d’annoncer la mise en vente de Toylet pour le grand public longtemps réservé au grand public.Au Japon, depuis plusieurs années, les toilettes pour hommes de bars sont équipés de Toylet, une console de jeux vidéo SEGA.
Objectif : viser un point bleu dans l’urinoir pour s’amuser à un jeu de combats, à remplir des bières virtuelles ou encore à dévêtir une animatrice télé !! no comment.Ca coute 1744 dollars mais là aussi ... un grand pas (en arrière) pour l'homme !
- bienvenu dans le monde ... des tribus : le phénomène Otaku.Traduction : celui qui s'abrite à la maison.Une population estimée à 1 % ! Pas vu mais entendu.
Prenez un jeune, en général entre 15 à 25 ans, blessé, rejetté par les autres et souffrant d'un sentiment d'incompréhension, un ado quoi... donc il s'isole du reste du monde. Pour renforcer son isolement et se soustraire du monde réel, il se passionne pour des activités étranges aux yeux des autres. Il habite un univers virtuel protecteur habité par des personnages de « Mangas », de jeux vidéo et de musique pop. L’Otaku a peu de rapports avec l'extérieur, sa vraie vie est virtuelle et se passe devant un ordinateur.
L’Otaku, c'est mieux que le jeu des 7 familles, il y en a de toutes sortes : certains fascinés par des jeunes femmes déguisés en enfant, d'autres amateurs de Comiket (Comic Market), les Otaku militaristes qui adorent les armes, les Otaku qui n'en ont que pour les jeux vidéos, ceux qui se déguisent en « Klingons » pour assister aux congrès de Star Trek, la tribu des sorcières qui a établit domicile dans la rue ...
Toutes les tenues d'infirmières, soubrettes, personnages de manga ou cosmics (cf cosplay) sont en vente si quelqu'un veut passer commande ... pour Mardi-Gras ou d'autres occasions, plus intimes.
Sans tribu, juste une pub ....
- les hébergements capsules : claustros s'abstenir, idem si l'angoisse de la tombe fait déjà partie de vos préoccupations.A l'origine pour les types bourrés qui vont évacuer le stress post-boulot et ne peuvent plus trouver le chemin de la maison.Testé mais dans la version rustique sans télé et sans fermeture vaisseau spatial, juste un rideau.
- les wagons réservés aux femmes pour éviter les mains baladeuses.Le déguisement ou la tenue ultra-sexy est belle parade pour être tranquille, parait-il.Pas testé !!
- Luxe, calme, heu non, luxe, luxe, luxe et archi.
Sont toutes là ... les "grandes maisons" et la haute, haute couture ...
A Las Vegas, les machines à sous sont partout, au Japon, c'est Vuitton.A quand les distributeurs de sac à l'anagramme LV dans les toilettes ??
Et l'envers, c'est surtout ... le retour et la fin d'une aventure ...
Une nouvelle route , vite, vite pour pouvoir conclure sur une face pile et s'assurer que le lapin dévorant sa galette de riz dans la lune pleine est de tous les continents et non juste une rêverie japonaise ...
JAPON l'endroit
Calme, luxe ...
Bon, je l’ai déjà dit, mais vraiment la nature est grandiose, spectaculaire et de nature à entretenir un certain romantisme voire une certaine mélancolie devant tant de beauté et de perfection terrestre : lacs, montagnes, arbres, volcans, îles ... tu vis dans une peinture, le Fuji, le lac Kawaguchiko au pied du Fuji, les montagnes de KoyaSan, les grands arbres de Takayama, la forêt primaire de Miajiyma, les jardins de Kyoto ...et tu comprends mieux la position de l’homme dans l’art classique japonais... et les bouquins de Murakami.
Ca, c'est le Fuji.
Et ça, un poulpe du marché au poisson de Tokyo, retenu ici pour ses qualités esthétiques et ... gustatives quand devenu sushi
Après la contemplation des Jardins, la contemplation de l’artisanat japonais, si délicat... aujourd’hui kimonos et visite du musée des kimonos d’Itchiko Kubota à Kawaguchiko.
Dans un premier décor à la Gaudi puis une structure pyramidale en bois millénaire - très impressionnantes, les poutres japonaises- , le musée des kimonos , l’œuvre d’une vie - de M.KUBOTA, malheureusement restée inachevée; la Symphonie de la lumière ne trouvera jamais de fin ;
Les kimonos sont taillés pour le Géant Vert mais le plus fascinant, ce sont les couleurs et les motifs ; toute une série "Mont Fuji": dans une spirale de nuages, au lever du soleil, au coucher, flamboyant à l’automne, sous une pâle lumière d’hiver, au moment des floraisons, avant l’orage, fleurs, nuages, reflets de l’eau; fougères sous les éclairs, canards mandarins, la palette des couleurs est large et les déclinaisons en parfait accord avec les saisons, les sentiments ...Amour, gloire et beauté !!
Le kimono des sentiments féminins, amour et haine en tons pastels oranges, douceur et tendresse, pour les motifs, je laisse votre imagination ... ; le travail de la soie, de teinture d’après une méthode de l’époque Muromachi, 14eme. Finesse, precision, délicatesse du travail.
A contempler ... en prenant le thé...
La cérémonie du thé. Encore un moment de luxe et de grande finesse...et extrême codification, c’est tout de même une cérémonie.
Prenez un pavillon jouissant d’une belle vue nature : une cascade, un jardin, le mont Fuji, un lac ... Le thé est servi accompagné d’un gâteau sur un très joli plateau en laque, la vaisselle aussi est choisie avec soin, pour le matcha, céramique ou grés brut ; pour les maîtres du thé, la sophistication était dans la simplicité. Simple, non ?
Et là, ca se complique ; le raffinement, ça ne s’improvise pas.
La procédure (sur la notice d’une maison de thé de Tokyo) :
- le gâteau : le prendre de la main gauche. Utiliser la main droite pour le couper avec un ustensile à peine tranchant en bois.
Le manger pièce pas pièce même quand il a la dimension d'un dé, sous peine de passer pour un rustre.
- le bol : en face de vous, le côté à motifs bien en face. Le prendre avec la main droite et le placer dans la main gauche.
- De quel côté boire ?
Utiliser la main droite pour tourner le bol dans le sens des aiguilles d’une montre deux fois, la première à 90, la deuxième à 180- motifs à l’opposé.
- En combien de gorgées ?
Le thé est préparé pour 3 à 4 gorgées mais là, un vent de liberté souffle sur cette maison, pas de règle spéciale.
Si possible le finir sans laisser de mousse au fond.
- Enfin, essuyer l’endroit où tu as placé les lèvres de tes doigts et nettoyer ensuite cet emplacement avec un mouchoir ou un papier en tissu ...
Contemplation .... du thé.
Un mont Fuji de panna cotta asperge au centre d'une mer de perles (maison Mikimoto, pas moins) de Saké, tomates cerises et morceaux d’orange ...
Là, pas de doute ... le Paradis n'est plus bien loin.
Avant l'ascension du Purgatoire panna cotta .... Dante ne l'aurait pas renié.
Le Pays du soleil rond, parfaitement rond
Deux jours « art contemporain » dans un univers minimaliste (et ce n’étaient pas les cochons tatoués de Win Delvoye, là du sobre et du sérieux sauf le Potiron Géant, rigolo).
Puis Hiroshima, les images terrifiantes et reconstitutions hyperréalistes de l'horreur d'après le 6 aout 45, les récits mélancoliques et contemplatifs de Kawabata en livre de bord - je fais l’impasse sur Osamu Dazai dont l’ouvrage commence par "j ai vécu une vie remplie de honte", là, serait pas loin du hari-kiri- deux jours dans un monastère, visite de la nécropole et ses 200 000 tombeaux, office et cérémonie du feu à 6h de mat suivie d’un petit déj monacal/frugal d'algues, légumes et soupe miso ...(pas besoin d’une pierre chaude, le repas fait à peu près le même effet, un repas - une illusion)
Ah, le vermillon des temples, voila un peu de gaieté dans cet univers respectueux, aux manières policées, hygiénique, noir, blanc et vert japonais.
Le vert, omniprésent ; bois ou forets denses, arbres massifs ou fins et élancés - érables, camphriers, chênes, cryptomères-, hauts et majestueux comme des cathédrales. Un décor ? Ils paraissent avoir été taillés dans le respect de la ligne droite ou s'être appliqués à pousser en un parfait parallélisme. Respect.
Après la nature, la ville japonaise : organisation urbaine efficace.
- des rues aérées, abordables, agréables à vélo à mille lieues des villes chinoises.
- des villes incroyablement vertes ou très "proches" du vert. ex : Kyoto et ses collines, forets, canaux ...
Tokyo ... un parc
- un des rares pays dans lesquels l'urbaniste a pensé à mettre les gares routières et ferroviaires dans un même endroit ou à proximité !
- un des rares aussi où l'attente aux guichets des gares est quasi nulle. Par quel miracle même quand il n'y a que 2 guichets ouverts !! - une partie d’explication ; la vitesse de frappe de l’employé - ne pas oublier jeux vidéos dans le portefeuille de compétences.
- ou l'employée du musée réorganise les chaussures retirées à l’entrée en six rangées parallèles. Là aussi dans le portefeuille de compétences ou bien psychorigidité en point d’alerte.
- où les chauffeurs de taxi ont des gants blancs, sont honnêtes et polis. Et la porte est automatique.Pratique quand tu as des bagages.
Ah, le bémol, quand même : les adresses des rues ne sont pas vraiment des adresses. Tu as une référence de quartier et un numéro de bloc mais les numéros ne se suivent pas nécessairement. Ils font référence aux années de construction et comme le feu ou les tremblements de terre ont fait pas mal de dégâts dans le coin ... mais pas moyen de se perdre, toujours quelqu'un pour te renseigner et les policiers sont serviables et sympathiques ! Arigato Gozaimasu.
Ah, deuxième bémol - à signaler à l’office du tourisme dans la liste utile des dysfonctionnements - le futon, c’est sympa mais l’inconvénient c’est que tu es au même niveau que les bêtes rampantes. Donc quand un cafard de la taille d’une huître d’Hiroshima te passe sous le nez, pas moyen de trouver le sommeil avant la fin du combat.
PS : la chambre était nickel, le cafard, c’est normal l’été, vu le taux d’humidité.
Magn-ific-a Carta :
En rentrant dans ton pays, tu es équipée pour ouvrir un office du tourisme japonais. Un pays où il ferait bon perdre son Lonely Planet.
Dès que tu arrives quelque part, on te remet une carte, un plan, des horaires...Tout y est, les distances (100 mètres jusqu'au temple Dao ji, prochaines toilettes à 50 m, plus que 20, tourner à droite, à gauche...), l'altitude, les activités ...Tu cherches une banque, une location de vélo, pas de problème, une carte pour tout problème de la vie !?
Ah, et puis, la qualité du grain du papier. Un grammage à rendre Patrick Bateman-American Psycho- fou de jalousie. Pas partout, mais bon, comme tout le reste, en général, le papier est ... beau et délicat. A voir les arbres, on comprend.
Et j’ai le sentiment d'être dans un pays irréel - sauf quand Bambi, un daim de Miaijyma (en général, mes rencontres avec des daims se font chez Ikea et plutôt dans leur emballage), s’en prend à mon sandwich -
Et dans ma tête le soir, une antienne, les milles et une "Arigato Gozaimasu" - merci beaucoup - de la journée , qui résonnent ...et qui vont résonner longtemps ... un peu comme quand tu travailles sur une chaîne d'usine et que tu revois dans tes rêves des briques de soupe entamer une marche militaire ;-)
Est-ce que j’aime le Japon? Il me fascine, pour sûr. Mon cœur bat pour Naples, Tanger, la Nouvelle Orléans, Venise ... villes mystérieuses, délires baroques, décadence, bazars orientaux et carrefours culturels ... des endroits dans lesquels tu as l’impression que l’inattendu est au coin de la rue - quoi que, ici aussi : une Geisha (sortie d’une voiture, à la Marylin sous les feux, non les flashs des appareils photos des touristes venus nombreux (... à Gion, moins inédit mais image d’un autre temps et décadence d’un grand raffinement, la grande classe ... et hier, début de la nuit, un bip et une voix d’agent SNCF dans la chambre de l'auberge annonce... quelquechose - je ne saurai jamais de quoi mais j’ai bien cru un instant à une évacuation pour tremblement de terre imminent ... et pour le mystère, un peu de mystère tout de même : le maître du bouddhisme Shingo, Kobo Daishi, serait en méditation dans une crypte de KoyaSan depuis ...1200 ans. Deux fois par jour, les moines lui offrent le repas, un éventail l’été ou un chauffage l’hiver, des vêtements ... Dans d'autres contrées, il serait aussi inscrit sur les listes électorales.
Mon cerveau dont l’organisation interne est plutôt de type capharnaüm que livre d’écritures comptables se trouve quelque peu perturbé par ce nouvel environnement.
Besoin de temps pour traiter, analyser, digérer, comprendre ...très méthodiquement. Le Japon ne s’aborde pas à la vitesse du Shinkansen, c’est pourtant comme ca que je le parcours, bien trop vite.
PS - Réponse à Serge.
Plutôt qu’une soucoupe, si la Terre était le Mont Fuji, est-ce que le Japon en serait le sommet ??
Intrinsèquement la pyramide implique une hiérarchie. Pour la soucoupe, je vois moins. Alors que le cercle, la sphère, c’est une forme parfaite, une forme harmonieuse ; pays, peuples égaux, solidaires qui se tiennent par la main en une jolie ronde fraternelle. Une heure de méditation matinale, voila le résultat !!
Et boucler une boucle, quoi de plus satisfaisant.
Planète JAPON - Gastro
Etre au Japon, c’est aussi avoir l'impression que tu as atteint une extrémité du monde. Peut être plus encore qu'à Ushuaia (que je ne connais pas mais bon, aujourd'hui tu regardes la chaîne Voyage et même Durbuy-plus petite ville du monde- n'a plus de secret pour toi)). Un pays extrême et exigeant, une recherche de perfection qui est une sorte d'aboutissement.
Finalement, j’en viendrais plutôt à croire que la Terre est plate et que le Japon en clôture, en ferme une extrémité, un terminus, une sculpture Monumentale d'Ufan (maintenant que je connais bien ! un cailloux, un bout de métal, vlà Ufan ... quoi que serait-ce "un(e)" Serrat) ou Serrat, une plaque d'acier « culturelle ». Au delà, juste des océans harmonieux, célestes, d'auspicieuses vagues et ondées pourpres.
J'aime ces appellations typiquement asiatiques, un brin (de bambou) plus poétiques et raffinées que ... la rue des cheveux, des poissonniers, des tanneurs, des pucelles (Strasbourg) ou encore la Rue de la Truie qui file (Le Mans), la Rue des Boulets (Paris 11ème dans le top 6) ...
Seule la Rue du Bain aux Roses, ma rue strasbourgeoise, pourrait trouver quelque faveur sous ces cieux chinois ou japonais.
Bon, voilà le point cuisine japonaise (budget plus ou moins éco) :
Quelques spécialités ...
- le Bento / Kaiseki : Une boîte à bijou en laque, couronnée des deux jolies feuilles d'érables, 4 structures carrées, noires et rouges, qui s emboitent accompagnée de deux tasses en porcelaine jaunes et rouges à motifs fleuris. Voila pour les contenants...
Les contenus : de petites choses fragiles. Du poisson/sushi, quelques zestes délicats de yuzu, riz en croissant de lune, le soleil (pour simplifier, une sorte de hachis Parmentier dans une mer paisible de gelée), dans les tasses, une soupe miso et une autre plus épaisse à base de soja.
Chaque bouchée te donne le sentiment d'accomplir un acte odieux de vandalisme.
- L'anguille : salée, donne aussi soif que le caviar pour un gout à peu près aussi insignifiant. Quoique profane de l'un comme de l 'autre.
- le Bœuf d'Hida : un bœuf d'une tendresse inouïe mélangé à une pate de soja et cuit dans une feuille de magnolia. Un bonheur ! Je ne connais ni le goût, ni la tendresse du bœuf de Kobe mais celui-là !! Le boeuf de Kobe, c'est le top du top, un bœuf élevé à la bière, massé au saké et qui a le privilege de recevoir musique et chansons - pas plus de précision sur la sélection musicale.Le tadjik qui collectionne les musiques folko d'asie centrale aurait sûrement un avis sur la question.A méditer, quelle chanson pour attendrir un boeuf ou l'Eurovision de Kobe.
- L'huître d'Hiroshima : sa taille est-t-elle le signe d'une double irradiation ?? Le bon Po Boy de la nouvelle Orléans (sandwich aux huitres frites plein de mayonnaise), c'est pas mal non plus mais présentation à l 'américaine, l'important, c'est le contenu XXL. Ici, l'huître est présentée en 5 plats-mignardises très mignons !
- Les nouilles : toute la gamme en soupe ou en plat frit , udon, soba et ramen. C'est top et avec les gyozas (raviolis), encore meilleur.
- L'Okonomiyaki : une crêpe, spécialité d'Hiroshima, farcies d'une tranche de porc, œuf et nouilles cuit sur une plaque. Délicieux et moins chichi.On se souvient de temps moins prospères.
A tester plutôt avant les visites du musée mémorial pour la paix et du dôme de la bombe atomique.
- Et pour le dessert : coupe à 4 ou 5 étages, glace thé vert matcha, céréales, coulis de sucre brun cuit, là aussi, quelques soleils, triangles et autres formes géométriques en gelée ; une belle palette de couleurs qui associe aussi les habituelles couleur-parias alimentaires : du noir, du rose, du gris à pois ... et quelques boules blanches de tapioca ou tofu, un peu de pureté égarée.
ou encore ...
Bon appétit.
Planète JAPON
En arrivant au Japon, tu te dis que la Terre est bien une sphère et que tu viens de faire un tour à 180°, la tete à l'envers, complètement. Un peu plus de 10 jours et tu commences a comprendre deux/trois trucs.
Le premier, basique, mieux vaut être organisée - plutôt contre nature mais le Japon, ça donne envie de faire du classement, ranger son appart, repasser ses draps, acheter des mouchoirs en tissu, des crayons en bois chez muji ou chez Ikea (c'est gratuit)...- le deuxième, tout est propre et tout fonctionne, le troisieme, l'écrin est souvent plus precieux que le bijou, bref tout est si joliment emballé, presenté que parfois la chose est trop belle pour être vue voire (au moins 3 fois par jour) être mangée ...
PEKIN
Life in a scientific way (inscription sur le panneau du Yamen Jie de Pingyao) ...
Pingyao, une ville chinoise sans voitures, qu'on pourrait imaginer épargnée par la pollution.Eh bien, non.Un voile fin, une légère brume couvre le soleil mais paraît que l'hiver, c'est bien pire ; en cause, le chauffage au charbon qui rend l'air presque irrespirable. Premier vélo chinois dans les charmantes ruelles pavées et piétonnes de Pingyao (une Venise de plus)... sous lune (pleine) et lanternes.
Délicieuse le matin à 5h et le soir ; entre, le charme agit mieux quand tu évites les rues principales et ses nombreux touristes (Venise de plus).
Après le tapchan ouzbek, un autre élément de mobilier traditionnel, le lit en brique chauffé en dessous (enfin, à l'époque), le Kang, testé dans le temple de l'Harmonie (enfin presque, l'Harmony Guesthouse).Harmonie, le bon compagnon de "Céleste" dans le dictionnaire d'Archi Chinoise (j'anticipe, Cité Interdite et ses Pavillons de l'Harmonie Suprême, puis de l'Harmonie Parfaite et enfin de l'Harmonie Préservée, tout un programme).
- La minute gastronomique.
La région est une référence (une de plus) en la matière.Les nouilles ont des formes et des noms intéressants et qui excitent ma curiosité autant que mon appétit.
Oreilles de chats, mountain noddles, nouilles coupées au couteau... La forme l'emporte sur le goût.
Chat ou montagne ??
Quoi d'autre au menu? galettes cuites dans des cailloux, boeuf seché aux épices et pommes de terre tous formats (chips compris), bonbons au gingembre...C'est bon mais pas mieux qu'à Xian, Lanzhou, Kashgar ... bref, tout le reste.
Si les pâtes sont un hommage à nos amis félins, la muraille, elle, célèbre la tortue, symbole de longévité (porte sud en est la tête).Comme à Xian, une muraille préservée (bien que le temps commence à lui faire sentir le poids de son âge et lui faire perdre quelques morceaux), remparts et tours de guets protègent et séparent la vieille ville de la ville nouvelle sans grand intérêt.
Jadis une ville prospère et épargnée, Pingyao, vieille ville, a le privilège d'offrir à la vue d'anciennes demeures soigneusement construites, Siheyuan, et des temples au mobilier raffiné (poteries, porcelaines ...).
C'est à Pingyao que des commercants du Shaanxi s'installèrent et développèrent un vaste réseau commercial (succursales dans toute la Chine et même à l'étranger avant la faillite) et le plus grand centre bancaire de Chine au 19eme; la première banque (et les billets remplacent les lingots) naquit ici : la banque Rishengchang.
L'enjeu pour les urbanistes est de même nature que pour les hutongs de Pékin, les demeures kashgariennes (ah tradition/modernité) : garder une ville vivante et authentique sans renoncer pour autant au confort et salubrité.Beaucoup de "pingayotes" (eh oui, pourquoi pas) font toujours aujourd'hui ce sacrifice.
A propos d'archi,petite introduction au Siheyuan : étroitement conformes à la tradition féodale et hiérarchique des hans, les maisons sont carrées, d'un seul niveau et entourées de pièces, pavillons à la disposition sévèrement codifiée.Entrée par une double porte destinée à te protéger des mauvais esprits, des indésirables et des vents chargés de sable.Au centre, un jardin, et très souvent un arbre fruitier ou un jujubier.
Rien n'est laissé au hasard.
Tu honores les ancêtres et reçoit les visiteurs au sud ; si tu es le parent, tu disposes du pavillon de l'aile ouest, le moins agréable, mais qui incarnerait le pouvoir.
Si tu es la jeune fille de la famille, tu es protégée dans la partie arrière.Et pas moyen de faire le mur ou d'inviter discrétement de jeunes garçons.
Enfin, les toilettes sont au sud-ouest, pour neutraliser les fantômes suppposés y résider.
Et aussi parfois (ex Folk house Xian) : la chambre pour introspection si tu as besoin de réfléchir ... à tes erreurs.
Rencontre d'un cordonnier francophile.Un vrai amoureux de la France qui a appris à repèrer les profils français passant devant sa boutique. Il collectionne journaux, dictionnaires, lettres de Moutiers, de Chambéry, de Paris... dessins du carrefour de l'arc de triomphe... , phrases traduites ... par des touristes français : "les français sont généreux, charmants et sympathiques" - la modestie est certainement aussi une de leurs qualites-, "12 avenues mènent à l'Arc de Triomphe" !
et aussi les cadeaux : cartes de métro, médaille du paris-pékin, tour eiffel ... si vous avez envie de lui faire plaisir, je vous donne son adresse.
Enfin, une excellente soirée en compagnie de deux petites familles de voyageurs français.On refait ... le tour du monde, ca fait du bien et retarde avec plaisir l'arrivée à Pékin.
« Trop loin à l'est, c'est l'ouest. » LAO TSEU
PEKIN - 5 jours ... avant une brève parenthèse française (très, trop dépaysante) pré-Japon ...
Hommage ... à l'art contemporain chinois
Là, tu sors du rythme d'un film de Sophia Coppola ou d'un ouvrage de Virgina Woolf pour entrer dans l'univers Tarantino - Kill Bill ou Boulevard de Mort (ça c'est quand tu prends ton petit vélo ! mais c'est bien pratique, le vélo à Pékin).
Voilà, la bête...
Vivre de billets d'avion et de peau de canard laqué (de Da Dong-Pékin)... et un peu d'eau fraîche (surtout quand le thermomètre grimpe).Et mourir ? (non, ça c'est pas pour tout de suite quoi que ... sur le petit vélo !! Et à Pékin, pour le coup, je vois pas trop où pourrait se trouver l'analogie avec Venise.
Pékin, le temple de la gastronomie.Deux mille avant J.C, les cuisiniers, "docteurs de la chère" jouissaient d'un statut plus elevé que les médecins et Confucius, ce sage homme, en arriva même à répudier son épouse parce que celle-ci était médiocre cuisinière.
Opération ...chirurgicale
Enfin, faut pas trop abuser non plus.Lu dans le China Daily News.La femme d'un chinois de 180 kgs, "migrant worker", revient à Pékin et découvrant ...les kilos de son époux (tristesse de l'absence ??) demande le divorce.Demande refusée.Elle ne reviendra jamais.Un scénario pour Sophia ou Wong Kar Wai ?
Bon, Pékin.Arrivée en train un vendredi à 11h30 de Tayuan.L'expression de la vendeuse de la gare et le prix de mon billet auguraient un voyage inconfortable.Effectivement, voyage debout dans le wagon restaurant mais dans les mêmes conditions qu'un bon tgv et pour à peine 4h de trajet.
Faut se préparer ... à la sortie.Un sac derrière, plus lourd que jamais (les soldats de Xian !! et un grand projet en gestation : une armée dans mes toilettes sous une plaque de verre ; encore combien de voyages en Chine pour couvrir 2 m2??), un petit sac devant, le tout bien arrimé de façon à faire corps avec moi et ca y est... prête à affronter la foule qui tente de gagner la sortie de la gare.Par chance, la foule va dans le même sens et là, la psychologie des foules de Freud te vient à l'esprit ;-).
Ca y est, arrivée à Pékin.Avant la suite, un peu de taoïsme sur l'harmonie idéale pour se remettre de ses émotions de foule :
l'un des plus grands disciples de Lao tseu rêva un jour qu'il était un papillon : soudain, il s'éveilla et découvrit avec étonnement qu'il était Zhuang Zi.Mais il était difficile de savoir avec certitude s'il était réellement Zhuang Zi et avait seulement rêvé être un papillon ou s'il était en réalité un papillon qui rêvait être Zhuang Zi".
A méditer.
Tout est possible...toujours.Et comme dirait Confucius (une hospitalité toute chinoise sur ce blog à l'égard des différents systèmes de pensées) : "Ce qui est important, ce n'est pas ce qui nous arrive, c'est la manière dont on le prend".
XIAN 3
Bon, après le goûter ... Xian, la suite, qui se prolonge ... comme les Rambo à la tv de ma Guesthouse (consciencieusement gardée par deux soldats en terre cuite).Légère impression de Kho San Road, pour ceux qui connaissent (ou ont vu "La Plage"), cette épouvantable rue de Bangkok qui récompense par des séances cinema dans des sofas scandaleusement trop moelleux et des pizzas-bières matchs de foot, les routards fatigués (overdose de soleil et de plage à Phuket !) .Aujourd'hui, le routard fatigué ne se déplace pas sans son ipad !! Changement d'époque et je prends 10 ans (et déjà quelques kilos depuis le passage de la frontière mais ça, c'est une autre histoire)!!
Tout y est : courettes pavées, toits de tuiles, pavillons, meubles ming ou qing, gongs, tourelles et ... les lanternes rouges (eh oui, ce soir, toutes les femmes sont concubines, heureuses élues du maître !!)