XIAN

La genese du blog
 
En général, je n'aime pas beaucoup les blogs (sauf ceux d'amis) et a quelques exceptions près, les récits de voyage.
Le voyageur est souvent voyeur et le bloggeur souvent un egocentrique exhibitionniste. "Le faux explorateur se mirant dans ses plumes plus redoutable que le véritable touriste profil bas"

Alors un blog de voyage ...
Quand Serge me l'a proposé, la réponse a été évasive ; j'allais peut-être écrire mais pour en garder une trace , ah, les vieux jours au coin du feu !
Finalement, il a pris forme ... et dans un style 'lettres a ma mère", journal intime à la rhétorique guide du routard. Bref tous les ingrédients pour saoûler avant même le retour de l'"odyssée".

Et finalement, c'est un grand plaisir de faire partager ce voyage (souvent trop, l'enthousiasme rend analytique) et c'est aussi une action engagée, de conversion, vous donner envie de partir ...

Pour cela hommage : citation de Nicolas Bouvier (qui fait partie des exceptions) - L'Usage de Monde :

"Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."

Rien a voir et transition plutot incongrue mais j'en profite pour recommander aussi Matthias Debureaux et son très pertinent  « De l’art d’ennuyer en racontant ses voyages ».

Et ses conseils :

• Inondez votre entourage de larges extraits de votre journal de bord. Veillez à bien envoyer vos mails à l’adresse professionnelle de vos amis, car vos nuits au bord d’un lac de Patagonie sont plus belles que leurs jours ouvrés.N’oubliez pas d’inscrire le nouveau pays visité dans la rubrique « Divers » de votre CV.
• Prolongez votre voyage en le racontant. Cette occasion de briller et de susciter infailliblement l’admiration de tous est aussi un formidable retour sur investissement dans le cas d’un périple couteux. C’est aussi pour votre auditoire l’économie d’un billet d’avion.
• Épiloguez sur le voyage qui a changé votre vie et votre façon d’appréhender le quotidien. Celui dont on ne sort pas indemne. Finir vos récits par des phrases du genre : nous avons peut être le bonheur matériel mais là bas, ils ont le vrai bonheur et la vraie vie. 
• Dramatisez et contez tout ce qui a «failli» vous arriver de manière à mettre en valeur les risques encourus durant votre long périple. Reprenez à votre compte et exagérez les mésaventures survenues à d’autres voyageurs. .
• Dénigrez les touristes. Fouettez la «bronzaille». Martelez que vous préférez voyager «intelligent» et marquez bien votre distance avec le visiteur moyen qui est transporté avec ses certitudes et sa peur panique d’être déstabilisé. Dites que dans le voyage rien, ni personne n’est définitif. Ayez en mémoire une formule choc pour exprimer la différence entre le voyage et le tourisme: c’est comme faire l’amour et se faire une pute.
• Mettez en ligne votre journal de bord. Cela vous occupera pendant votre périple et permettra d’entamer les réjouissances bien avant votre retour.
• Faites tressaillir vos devises étrangères. Réglez distraitement votre boulangère avec des pièces d’un autre continent quand vous rentrez juste de voyage. Au restaurant, laissez des pourboires avec la même monnaie pour faire des économies.
• Rappelez autour de vous combien vous manquent vos «vrais amis» du bout du monde. Ces mongols (ou «fils du vent»), ces griots du Mali ou ces peuls dont vous avez réussi à intégrer parfaitement toutes les émotions et les valeurs.
• Brodez autour de mots-clés comme «cosmopolisme», «mosaïque» ou «brassage ethnique». Des termes superposables à la cuisine, la musique, la culture ou la population.
• Déclamez votre flamme pour le fascinant mélange de tradition et de modernité. L’argument est pratique car peu de capitales échappent à cette règle. 
• Péchez par omission afin de ne pas décevoir. Oubliez de mentionner la présence de distributeurs de billets sur l’île de Pâques. Ou de préciser que la majorité des habitants de l’île de Robinson Crusoé, dans l’archipel de Juan Fernandez, ont la télévision.

Et de terminer la série citation, avec Sacha Guitry :

"Les voyages, ça sert surtout à embêter les autres une fois qu’on est revenu."  Grace aux blogs, aujourd'hui, plus besoin d'attendre le retour !! 

 

Bonne lecture. La suite .

Avant Xian, quelques mots sur :

Les Prix :

Un vrai casse-tête. Parfois une marge de négo de ... % (question pour les matheux ou les responsables Paie) : un prix de départ de 270 Yuan qui peut atteindre 50 et de 200 Yuan qui peut descendre a 10.Bref, des prix qui peuvent être 20 fois plus élevés pour le même produit. Enfin, sauf pour les ipod !
Le marchandage est aussi un art chinois et sauf si tu tiens a subventionner l'économie chinoise ou te transformer en Union Européenne pour la dette grecque tu as intérêt a négocier fermement.

L'enjeu : trouver le juste prix sans se montrer irrévérencieux et méprisant.

Les contrefaçons et les faux vieux abondent.
Exemple : les petits soldats de Xian, une boîte en marbre d'Agra ou le bonheur d'acheter le souvenir le plus ringard qui va venir encombrer ton appart et le transformer en temple africano-indien-chinois kitch -"masques au mur, chapeau d'Indiana Jones dans l'entrée" ...et le payer 10 fois son prix.

Les Repas d'affaire :

La Chine "entre dans le 21eme siècle" pour le contenu de ses assiettes business. Et pour le contenu de ses assiettes tout court.

Plus besoin d'avaler une tortue, des œufs fécondés, des pattes de poulet, boire du sang de serpent pour conclure un contrat.

Tu peux toujours manger du chien, des scorpions, des insectes , tous types de testicules d'origine animale. Mais c'est vraiment pour les amateurs et les Indiana Jones de la fourchette.

L'autre truc infect et aussi malodorant que le Durian que tu trouves a chaque coin de rue : c'est le tofu mariné ... dans du chou.Le tofu seul, c'est l'aliment le plus insipide et insignifiant du monde.Là, étonnemment, il retrouve une existence ... et s'impose.

En revanche Ganne Bei, tu n'échappes pas au toast (surtout les hommes) même si là aussi, ça se rigidifie.

Discothèques :

Je n'ai pas testé pour vous  le "Sunny Halfpast 8" (le 20h30 ensoleillé, quoi que le nom soit plein de promesses) ou le "Friend changing friend "(club d'échange d'amis qui n'est pas un club échangiste, ni même un club de speed dating) de Xian.

Avertissement : ne pas boire d'alcool de riz (immonde et très souvent frelaté) au risque de te retrouver à l'hosto dans un coma éthylique (conseil d'ami , n'est-ce pas Delph ;-))

Massages :

1h de massage de pieds pour 5 euros. Un bonheur abordable.

Le nettoyage d'oreilles de 30 minutes pour le même tarif m'intrigue.

Peut-être dans le prochain billet si j'ai toujours la pression de l'audience (Serge aux stats ;-)) du niveau d'un directeur des programmes de TF1.

XIAN - Arrivée au Shaanxi (a ne pas confondre avec la région suivante : le Shanxi ! ne me demandez pas la prononciation)

Xian et ses tombeaux, c'est comme un premier rendez-vous Meetic (Eros et Thanatos !)
Photos extrêmement séduisantes, des atours que les nombreuses photos ont confirmés. Tu arrives inquiète, légèrement émue, ta confiance à un niveau proche du niveau de la mer. Pour Gizeh aussi, la rencontre se présentait sous ces mêmes auspices... et pourtant ! Tu as donc différé le moment craignant qu'à l'idéalisation excessive succède la déception.
L'attente est forte.

Et le voilà ...
Et là, c'est la grande histoire d'amour...une intensité passionnelle qui se passe de mots. (encore !!)
L'émotion intense et la beauté des paysages deviennent bien répétitives dans ce blog  bien que l'anaphore soit une figure de style bien cotée en ce moment en terre de France.

Soldat en liberté... gardien du temple, ma guesthouse

Donc époustouflant, les tombeaux Qin, l'armée de terre cuite mais aussi le tombeau Jindi (la cerise sur le gâteau, une belle surprise).

Deux sépultures dans deux styles différents pour deux empereurs à l'histoire et philosophie presque opposées.

 

Rien d'une ombre chinoise.

Parenthèse sur les ombres chinoises :

L'ombre chinoise serait née d'un chagrin amoureux. Un empereur désespéré du décès de sa concubine préféré est aborde par un brigand qui lui promet de faire réapparaitre la belle contre une réhabilitation. Il découpe l'ombre dans une peau animale, tendue comme une marionnette, et projette la silhouette par un jeu de lumière sur le mur. L'empereur, fou de joie, innocente le bandit de tous ses larcins et reve face a l'ombre de sa belle chinoise.

- Musée des stèles : aux lectrices insomniaques (;-), je propose d'envoyer en privé la description détaillée des plus belles stèles et calligraphies du Musée de la Foret des stèles.

- Les rencontres de multiples Pierre et Paul  permettent d'introduire la mosquée de Xian : un modèle d' œcuménisme et de tolérance culturelle .Une des plus grandes mosquées de Chine.

L'architecture est celle d'un temple chinois classique (jardins, pagodes, stèles, courettes, portiques de pierre, tambours de basalte, kiosques ...) et il ne s'agit pas d'une récupération comme Sainte Sophie mais d'une configuration d'origine.

Le minaret est une pagode aux inscriptions arabes et le lieu de prière, un temple chinois aux tuiles vernisses couleur islam (vert).

 

Cachez ce visage qu'on ne saurait voir...

La mosquée aurait pu être hébergée dans une cathédrale !! permet de faire la transition avec les Polo comme promis, le père Nicolo et son frère Maffeo.

"Ils partent pour une première expédition en 1260.Ils s'enfoncent vers l'est, Boukhara ou des ambassadeurs d'Hugalu les invitent a se rendre chez le frère et suzerain de leur propre souverain, le Khan Koubilai.

Le khan océanique n'a jamais vu de latin et devrait leur faire bon accueil.

Effectivement ils y sont choyés, interrogés sur les rois et coutumes d'occident. Et  Koubilai finit par les charger d'une ambassade auprès du pape. Qu'il lui envoie 100 sages chrétiens capables de prouver à ces idolâtres (bouddhistes) que leurs idoles sont choses du diable et que la loi chrétienne est meilleure.

Au retour des Polo, le pape Clément IV meurt et le conclave s'éternise. Le saint siège va rester vacant prés de 3 ans. Le nouveau pape, Grégoire X ne leur accorde que deux moines, un peu juste pour convertir plus de la moitié de la terre. De plus, terrifiés par les périls à affronter, les clercs abandonneront la mission en cours de route."

Là, c'est un peu plus que le battement d'aile d'un papillon qui aurait pu changer le cours de l'histoire !!

- La Grande pagode de l'oie sauvage : et histoire d'un classique de la littérature chinoise, le voyage de Xuan Zang, a venir ...

La suite ... Xian, Pingyao, Pekin et le blog partira peut-être un petit moment en vacances ...

Comments

[Serge]

Lettre ouverte à Mme Matthias Debureaux



Mme Debureaux, je vous donne entièrement raison et je souscris largement à vos critiques.



Combien sont ennuyeux, tous ces bavard, tous ces verbeux prétentieux qui pavoisent, fanfaronnent, paradent et plastronnent comme des paons devant des paonnes.



Nous aussi nous nous agaçons de ces benêts qui se prennent pour des Marco Polo ou des Magellan simplement parce qu’ils ont fait trois pas en direction des tropiques.



Mais nous savons que Peggy n’est pas de ceux là. Nous aimons ce qu’elle écrit et nous sommes je crois quelques uns à attendre avec impatience chacun de ses messages.



Il n’y a aucune immodestie à parler simplement de ce que l’on aime, ni aucune impudeur à se livrer un peu trop parce qu’une émotion nous submerge.

On n’est certes pas un héros parce que l’on va au bout du monde mais on est souvent déçu lorsqu’on n’y va pas.



Alors Peggy, continue à nous écrire simplement parce que nous aimons te lire.



Et si le besoin se fait sentir pour toi de garder pendant quelque temps le silence, nous comprendrons aussi.



A bientôt Peggy



Serge